
Pourquoi le taux d’absentéisme augmente en milieu scolaire ?
Dans le canton de Vaud, 44 % des élèves de l’école obligatoire ont utilisé le « congé joker » au moins une fois l’an dernier. Ce congé donne la possibilité aux élèves de poser un congé sans justificatif. Ce chiffre publié dans leur communiqué de presse du 4 juillet 2025 montre à quel point les absences scolaires sont devenues fréquentes. À l’échelle suisse, les syndicats d’enseignants romands (SER) et alémaniques (LCH) tirent la sonnette d’alarme : l’absentéisme ne se limite plus à quelques journées isolées mais prend de plus en plus la forme d’absences répétées et longues, ce qui perturbe fortement la continuité des apprentissages.
Raisons de la hausse
Plusieurs facteurs expliquent cette progression. D’abord, la santé mentale joue un rôle central : l’anxiété, la phobie scolaire ou le stress lié aux performances poussent certains à éviter l’école. Comme le souligne Rémy Barbe, médecin responsable de l’Unité de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent aux HUG, « Au départ, cela peut sembler anodin, mais si le décrochage persiste trop longtemps, il peut se transformer en un problème extrêmement sévère. » Quand ces troubles ne sont pas traités à temps, l’absence peut devenir une habitude et creuser l’écart entre pairs. Ensuite, les ressources sont insuffisantes : peu de psychologues scolaires, longues listes d’attente pour obtenir un suivi, et un soutien social limité. Enfin, des éléments extérieurs à l’école pèsent : tensions familiales, difficultés financières ou de logement, harcèlement, ou encore perte de repères après les confinements liés à la pandémie. Tous ces facteurs fragilisent l’attachement des jeunes à l’école, de l’enfantine au secondaire II.
Solutions proposées
Pour faire face à ce phénomène, les spécialistes recommandent des mesures coordonnées. Il s’agit d’abord de repérer tôt les signaux d’alerte comme les gros retards fréquents, l’isolement ou la chute des résultats scolaires. Dès qu’elle est repérée, une intervention rapide, impliquant plusieurs acteurs du système éducatif en lien étroit avec les parents, est lancée. Des parcours de réintégration progressifs, comprenant un accompagnement individuel et du soutien scolaire (par exemple tutorat ou cours ciblés), prépare le retour aux études. Enfin, élargir l’accès aux soins psychologiques, raccourcir les délais de prise en charge et financer davantage de postes de psychologues scolaires améliorerait la capacité d’intervention des cantons. Certains parents se tournent vers une solution plus adaptée : les formations à distance.
Conclusion
L’absentéisme scolaire en Suisse est un défi complexe qui mêle enjeux éducatifs, politiques, sociaux et de financiers. Pour limiter le décrochage, il faut détecter rapidement les absences, comprendre les causes profondes et coordonner les actions de tous les acteurs. Sans ressources suffisantes et sans volonté politique, les mesures risquent de rester ponctuelles et d’accentuer les inégalités scolaires. Un suivi et une évaluation régulière des dispositifs sont donc indispensables pour ajuster les stratégies et offrir à chaque élève les conditions nécessaires pour s’épanouir et réussir à l’école.